7 monuments historiques qui témoignent de l'histoire du Portugal.
L'histoire du Portugal est d'abord marquée par la lutte pour son indépendance vis à vis du Royaume de Castille qui verra son aboutissement en 1143 avec le couronnement du 1er Roi du Portugal : Alphonse 1er.
C'est alors la reconquête du pays qui commence : il faut reprendre tout le territoire conquis par les Maures. Cette reconquête s'achèvera, 100 ans après, en 1249 à Faro à l'extrémité sud du Portugal.
Au 14e siècle, c'est la conquête du monde qui débute. Les portugais vont établir la route maritime vers les Indes, découvrant ainsi la moitié du monde et prenant possession du Brésil au passage.
C'est à travers ces 3 époques que l'on retrouve les monuments portugais les plus chargés d'histoire que je vous propose de découvrir.
- Le Chateau de Guimarães symbolise la naissance de la Nation portugaise s'affranchissant du Royaume de Castille en 1143.
- Le Monastère d'Alcobaça symbolise le début de la reconquête du pays par Alphonse 1er (D. Alfonso Henriques) et les premières victoires sur les Maures.
- Le Chateau Saint Georges à Lisbonne marque la fin d'une re-conquête et la naissance d'une nouvelle capitale en 1255 : Lisbonne
- La Bibliothèque Joanina à Coimbra, érigée en 1290, témoigne d'une ère nouvelle tournée vers le savoir.
- Le Monastère de Batalha marque la fin des hostilités avec le Royaume de Castille en 1386.
- Le Couvent de l'ordre du Christ à Tomar témoigne de l'apport de l'Ordre des Templiers puis des Chevaliers de l'ordre du Christ au Portugal et la préparation des grandes découvertes maritimes.
- Le Monastère des Hiéronymites à Lisbonne témoigne de l'apogée du Portugal, de sa richesse à l'issue des grandes découvertes.
Ce choix de 7 monuments témoigne d'un parti pris. Il existe au Portugal un nombre considérable de bâtiments, d'églises et de site qui témoignent de la richesse de son histoire
Le Chateau de Guimarães
Le berceau du Portugal
En 711, les Maures envahissent la péninsule ibérique à l'exception d'une région située entre le Douro et le Minho. Cette région forme le Comté du Portugal, autonome jusqu'au 10e siècle.
A partir de 1064, le Roi de Castille, Ferdinand 1er reprend aux Maures tout le territoire situé au Sud du Comté du Portugal jusqu'au Tage. Le Comté du Portugal fait alors partie du Royaume de Castille.
En 1095, cette reconquête est définitivement accomplie par Alphonse VI, également Roi de Castille, qui offre alors le Comté du Portugal à Henri de Bourgogne qui s'attache à faire reconnaitre l'indépendance du Portugal.
Son fils, Alphonse 1er (Afonso Henriques) poursuit son oeuvre et fait reconnaitre, par le Royaume de Castille et León, l'indépendance du Portugal en se faisant couronner comme premier Roi du Portugal en 1143.
D. Alfonso Henriques, fondateur et 1er Roi du Portugal, est né dans ce chateau à Guimarães, c'est là qu'il a été armé Chevalier puis assiégé.
Un chateau actif pendant plus de 4 siècles
Le chateau est situé sur les hauteurs de la ville de Guimarães, sa construction a démarré en 968 sous l'impulsion d'une Comtesse galicienne en vue de protéger les habitants des incursions de hordes de vikings.
Il fut ensuite la demeure de Henri de Bourgogne puis lieu de naissance de son fils qui devint le 1er Roi du Portugal.
Jusqu'à la fin du 14e siècle, le chateau de Guimarães, siège du tout jeune Royaume du Portugal cherchant à affirmer son indépendance, fut le théâtre de luttes incessantes avec le Royaume de Castille .
Abandonné à partir du 14e siècle, le chateau de Guimarães se dégrada lentement avant qu'une restauration ne soit entreprise dans la première moitié du 20e siècle.
Aujourd'hui
ce chateau médiéval impressionnant, situé au sommet de la colline du Largo, se visite. Ne manquez pas la statue de D. Alfonso Henriques à l'entrée ainsi que le Palais des Ducs de Bragance (Paço dos Duques de Bragança), du 14e siècle, restauré et meublé de pièces portugaises du 17e siècle.
Deux heures vous suffiront pour cette visite, aussi, profitez en pour vous balader dans le centre historique de Guimarães et notamment sur la place de l'olivier (Largo da Oliveira)
Pratique
Pour vous rendre à Guimarães, le plus simple est d'emprunter le train depuis la magnifique gare Sao Bento à Porto (Admirez les Azulejos). Le trajet dure un peu plus d'une heure pour un prix inférieur à 10€ et vous profiterez de vues admirables de la campagne portugaise.
Statue de D. Afonso Henriques - Crédit Luisa Paixão
Mur d'enceinte de chateau de Guimarães - Crédit Luisa Paixão
Murailles du chateau de Guimarães - Crédit Luisa Paixão
Le Monastère d'Alcobaça
Construit en hommage à la reconquête
En 1147, Alphonse 1er (Dom Alfonso Henriques), Roi du Portugal, soutenu par les Croisés normands, flamands, allemands et anglais, achève la reconquête du pays et repousse les Maures au delà de Lisbonne.
Sur sa route, il prend la ville de Santarém. Pour honorer cette victoire, il promet de construire un monastère pour l'ordre des Cisteriens, c'est le monastère de Santa Maria d'Alcobaça.
Il fallut plus de 100 ans pour achever l'ouvrage et ce n'est qu'en 1262, que le monastère est inauguré, sous le règne de Denis 1er (D. Diniz). Quelques années plus tard, les moines Cistériens y donnent leurs premiers cours publics essentiellement consacrés à l'agronomie.
Le siège des érudits Cistériens
Jusqu'au 19e siècle, les Cistériens y dispensèrent des cours, ajoutant l'enseignement de l'histoire et des arts plastiques à leur enseignement de l'agronomie.
En 1810, le monastère est pillé par les envahisseurs français et quelques années plus tard il est placé dans l'oubli avec la disparition, en 1834, des ordres religieux au Portugal.
Au Monastère d’Alcobaça est attachée une église au style architectural qui es resté local et est considéré comme une expérience unique en son genre. Cette église est restée interdite aux personnes extérieures à l’ordre Cistercien jusqu’au 18e siècle, le peuple devant se contenter d’une église rattachée au monastère.
La stupéfiante histoire de la Reine Morte
Le monastère protège de nombreux tombeaux de la famille royale portugaise. Chacun de ces tombeaux est en lui même un chef d'oeuvre de la sculpture sur pierre. Mais s'il est un tombeau plus remarquable que les autres, c'est celui d'Inês de Castro, la Reine Morte.
Inês de Castro, épouse du Prince S. Pedro fut assassinée sur l'ordre de son beau-père le Roi Afonso IV. Devenu Roi à son tour, D. Pedro fit exécuter les assassins de son épouse et plaça son corps embaumé sur le trône, obligeant toute la cour à lui baiser la main validant ainsi son couronnement posthume.
L’histoire de Inês de Castro inspira bon nombre d’artistes dont Camões, le plus grand poète portugais. Plusieurs opéras ont été chantés, plusieurs tableaux ont été peints et plusieurs films ont été réalisés au sujet de la Reine Morte.
(Illustration - Vue aérienne du Monastère d'Alcobaça)
(Illustration - Entrée de l'abbaye d'Alcobaça)
(Illustration - Nef centrale de l'abbaye d'Alcobaça)
Le Chateau Saint Georges à Lisbonne
Le chateau des Maures... et des romains
Le château Saint-Georges (Castelo de São Jorge) autrement appelé château des Maures (Castelo dos Mouros) se situe sur la plus haute colline de Lisbonne et domine les environs offrant une vue imprenable sur toute la ville et l'estuaire du Tage.
Les premières fortifications à cet endroit apparaissent au 2e siècle avant JC lorsque l'emplacement servait de base romaine pour la conquête de l'Hispanie. Mais c'est au 7e siècle, que les Maures érigent, sur ces vestiges, de véritables murailles afin de protéger le centre de leur pouvoir militaire et politique.
Palais de la Royauté portugaise
Durant la reconquête chrétienne, la forteresse change régulièrement de main pour devenir définitivement chrétienne en 1147, sous le règne d'Alphonse 1er, Roi du Portugal, soutenu par les Croisés normands, flamands, allemands et anglais, en route vers la Terre Sainte. Selon la légende, c'est le sacrifice du Chevalier Martim Moniz qui permis sa conquête (une des principales places de Lisbonne porte aujourd'hui son nom).
La forteresse est alors placée sous la protection de Saint Georges (São Jorge) Saint martyr, patron de l'Armée.
A partir de 1255, Lisbonne devient la nouvelle capitale du Portugal, tout jeune royaume ayant gagné son indépendance face au Royaume de Castille. Le chateau Saint Georges devient alors Palais royal, héberge la Cour, fait office de Palais pour les évêques et de caserne pour les militaires.
50 ans de restauration
Ayant souffert des nombreux tremblements de terre, le chateau perd son statut de Palais royal au 16e siècle. Il va alors être le théâtre de nombreux événements historiques mais il se dégrade inexorablement jusqu'à être interdit d'accès jusqu'au 20e siècle.
Entre 1940 et 1990, il fait l'objet d'une restauration patiente et rigoureuse qui lui rend son aspect médiéval. Le chateau se visite aujourd'hui et outre un témoignage étonnant sur l'histoire de Lisbonne, il livre des points de vue à couper le souffle sur toute la ville et ses environs.
La Bibliothèque Joanina à Coimbra
Coimbra, une des plus vieilles universités
En 1290, Denis 1er, Roi du Portugal, ordonne la création de l'université de Coimbra faisant d'elle une des plus anciennes universités dans le monde.
C'est sur ce site, à l'emplacement d'une ancienne prison médiévale, qu'au 18e siècle, le Roi Jean V (D. João V) ordonne la construction d'une grande bibliothèque qui deviendra la Bibliothèque Joanina admirée aujourd'hui pour sa richesse architecturale et sa décoration intérieure.
Des ouvrages exceptionnels
C'est un bâtiment de trois étages, dont deux souterrains qui sera alors construit et tous les murs seront recouverts d’étagères répertoriant des milliers d'ouvrages de médecine, de géographie, d’histoire, de philosophie et de théologie.
Parmi les 300.000 ouvrages répertoriés, on trouve notamment une bible hébraïque publiée au 15e siècle dont il ne reste que 20 exemplaires dans le monde et une bible latine imprimée en 1462 par des confrères de Gutenberg et considérée comme une des plus belles bibles imprimées.
Une décoration intérieure exubérante
La Bibliothèque Joanina est également remarquable pour sa décoration intérieure. L''étage noble est principalement constitué de trois salles en enfilade divisées par des arcades aux ornements baroques.
Chaque salle est revêtue, du sol au plafond, d'étagères en bois magnifiquement sculptées tandis que chaque plafond est décoré de peintures en trompe l'oeil. L'ensemble présentant un style particulièrement spectaculaire et opulent.
Cette bibliothèque, toujours située à l'emplacement de l'université de Coimbra se visite et ferme à 17.30 (19.30 en haute saison) afin de laisser place aux... chauves-souris !
Anecdote
En effet, chaque soir, les tables de lecture sont recouvertes afin de rester protégées et les chauves-souris entrent en scène en dévorant tous les insectes xylophages qui pourraient détruire les boiseries ou les livres.
Le Monastère de Batalha
Deux siècles, c'est le temps qu'il aura fallu à 7 Rois qui se sont succédés pour achever la construction du Monastère de Batalha
Pour une indépendance définitive
En 1385, Jean 1er (João I) est proclamé Roi d'un tout jeune Portugal qui peine toujours à assoir son indépendance vis à vis du Royaume de Castille.
Aussitôt, les castillans envahissent le Portugal épaulés par leur allié français. Les portugais, alliés au anglais, repoussent l'invasion lors de la bataille d'Aljubarrota et les castillans se retirent définitivement.
Pour remercier la Vierge Marie de sa victoire, en 1386, Jean 1er lance alors la construction du Monastère de Batalha. Ce monastère, impressionnant et notamment son cloître sont reconnus, aujourd'hui, comme le chef d'oeuvre de l'art Manuélin.
Sa construction occupera le règne de sept Rois depuis 1386 jusqu'en 1517 date à laquelle toutes les ressources portugaises seront réorientées vers la construction du monastère des Hiéronymites à Lisbonne.
Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, ce monastère se visite. La visite est en partie gratuite mais, bien évidemment, les parties les plus intéressantes dont la chapelle et le cloître royal sont sujets au paiement d'un droit de visite qui reste cependant modeste.
Anecdote
Ne manquez pas la visite de la salle du chapitre, lieu des débats religieux. C'est une salle de 19 mètres de long dont la voute n'est pas soutenue. L'exploit était tellement hasardeux pour l'époque que sa construction a été confiée à des criminels condamnés à mort de peur que le toit ne s'écroule à tout moment.
Le Couvent de l'ordre du Christ à Tomar
Le siège des templiers au Portugal
Le Couvent de l'ordre du Christ (Convento de Cristo) est intimement lié à l'histoire des templiers. Situé dans la ville de Tomar, ce couvent était à l'origine une forteresse templière bâtie au 12e siècle.
En conflit avec l'église catholique et le Roi de France Philippe le Bel, l'ordre du Temple a été dissout au 14e siècle. Sa branche portugaise a survécu sous le nom de Chevaliers de l'ordre du Christ dont les richesses soutiendront les grands voyages maritimes du 15e siècle qui aboutiront à la découverte de plus de la moitié du monde.
Le site est constitué d'une forteresse construite à partir de 1160 par Gualdim Pais (grand maître des templiers), de son église construite à partir du 12e siècle et de huit cloitres construits au fil du temps. L'unité de cet ensemble a été préservé au fil des siècles et apparait aujourd'hui tel qu'il était à son origine.
Une forteresse et une église
La forteresse, érigée en premier, gardait une emplacement stratégique sur une colline surplombant le fleuve. Le donjon, abritait les templiers tandis que la citadelle protégées par les murs d'enceinte abritait les résidents.
L'église du Couvent est érigée sur le modèle de la mosquée d'Omar à Jérusalem. Elle est en réalité constituée de deux éléments : l'église originelle, dîte "La Rotonde", érigée par les templiers et l'église manuéline érigée durant le règne d'Henri le navigateur au début du 15e siècle. Les cloîtres ,au nombre de huit, ont été ajoutés entre le 15e et le 16e siècle.
Anecdote
Cet ensemble remarquablement préservé se visite mais reste également très vivant. En effet, s'y tient chaque année, la réunion annuelle de l'Ordre du Temple et les offices religieuses s'y tiennent, également, très régulièrement.
Conseil
Profitez-en également pour visiter le centre historique de la ville de Tomar dont l'implantation à angles droits étonne.
Le centre est parsemé de maisons de différents styles : romantique, baroque ou renaissance. Arrêtez vous quelques instants Place de la République et visitez l'église de São João Baptista qui préserve une collection de toiles de Gregório Lopes. Admirez également la statue de Gualdim Pais, Grand maître de l'Ordre des Templiers et fondateur de la forteresse.
S'il vous reste encore un peu de temps, pensez à admirer l'incroyable aqueduc Pegões construit à la fin du 16e siècle sur une longueur de 6km pour approvisionner le Couvent du Christ en eau.
Le Monastère des Hiéronymites à Lisbonne
Pour entretenir l'amitié avec l'Espagne
La construction du Monastère des Hiéronymites (Mosteiro dos Jerónimos) débute en 1502 sous l'impulsion du Roi portugais Manuel 1er. Ce monastère est alors destiné à accueillir au Portugal l'ordre religieux espagnol des Hiéronymites, chargé d'entretenir le Culte de la famille royale de Castille.
Sa construction est un signe de rapprochement et d'apaisement entre l'Espagne et le Portugal qui sortent d'une longue période durant laquelle le Portugal n'a cessé d'affirmer son indépendance.
Le monastère reste en activité jusqu'en 1834, date à laquelle l'ordre religieux des Hiéronymites est expulsé. Les bâtiments sont alors utilisés par la paroisse de Santa Maria de Belém qui y célèbre encore aujourd'hui des offices religieux.
L'apogée du style Manuélin
L'ensemble est aujourd'hui constitué d'un cloître impressionnant par son exubérance architecturale et sculpturale, de l'église Santa Maria dont la voute est particulièrement remarquable de finesse et de la nécropole royale dans laquelle reposent plus de 20 membres de la famille des Rois du Portugal.
Depuis quelques années, les ailes du monastère abritent également le musée de la marine ainsi que le musée d'archéologie. La renommée de ce monument tient d'abord à son style qui est à l'apogée du style manuélin et de son exubérance. Elle tient également à la taille des bâtiments qui témoignent de la richesse du Portugal à la fin du 15e siècle.
Conseil
Le monastère des Hiéronymites se visite bien évidemment et sa visite trouve tout son interêt dans la préservation rigoureuse des bâtiments et matériaux d'origine. Vous visitez le monastère tel qu'il a été érigé il y a six siècles. Cependant, c'est un des monuments les plus visités de Lisbonne et il n'est par rare que l'attente dure plus d'une heure. Prenez patience.
S'il vous reste un peu de temps, ce monastère est inséparable de la Tour e Belem qui se trouve à quelques centaines de mètres. Prenez le souterrain ou la passerelle qui enjambe la route à 4 voies qui les sépare. Enfin, ne quittez pas l'emplacement sans déguster un des fameux Pasteis de Bélem : le meilleur des Pasteis de Nata !
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